Dans l’enquête annuelle «Besoins en main
d’oeuvre»*, publiée par Pôle emploi, les employeurs
déclarent des difficultés à recruter. Par
exemple « selon l’enquête BMO Pôle-emploi 2018,
44,4% des employeurs anticipent des difficultés de
recrutement … contre 38% en 2011 : une telle hausse peut
paraitre fort surprenante alors que le
chômage « de masse » n’a cessé de progresser en
France… »
Miraculeux donc ! Pas du tout si l’on comprend
(mais cela les journalistes l’expliquent rarement) que
ce déclaratif des employeurs (« ils anticipent des
difficultés ») illustre avant tout des « tensions » et
« difficultés de recrutement à priori » , ce qui n’est
pas la même chose que des difficultés à postériori
et certainement pas synonyme d’emplois durablement
vacants.
Donc, lisez bien il s’agit de Projet de
recrutement, ce sont des déclarations d’intention.
Il y a trop souvent confusion entre pénurie de main
d’œuvre (qui n’existe pas , réveillez vous ! Il y a 3 463 100 Chômeurs
rien que pour la catégorie A) et avoir du mal à recruter, qui
s’explique par plusieurs critères.Si on ajoute les catégories B, C, D et E (des conditions de précarité plus ou moins importantes) on arrive à 6 601 500 .
PLUS DE PRÉCARITÉ DANS LES CONTRATS
= PLUS D’ANNONCES
+ PLUS DE TRAVAIL DE RECRUTEMENT
En effet la presse mélange confusément des difficultés
à recruter « en général » et des recrutements
à faire dans l’urgence qui sont surtout liés à un
turn-over de plus en plus élevé. Cela met en évidence
donc exactement le contraire de ce qui est
mis en avant en général, il n’y a pas des milliers
d’emplois non pourvus mais un marché de l’emploi
qui se précarise.
LA RECHERCHE DU MOUTON À 5 PATTES
Cela reflète aussi la sélectivité et la discrimination
croissante des employeurs dans les critères de
recrutement. Comme les candidats sont de plus
en plus nombreux, on ajoute critères sur critères
pour choisir le bon candidat, cela finit par donner
des offres farfelues où il faudrait cumuler jeunesse,
10 ans d’expérience , BAC + 5 pour un SMIC quand
ce n’est pas un contrat aidé ou un stage. Dans ces
conditions seules les candidatures »bidonnées »
finissent par être recevables et forcément cela
génère un recrutement difficile.
DES ANNONCES DÉMENTES MAIS AUSSI FANTÔMES
Tout d’abord, il faut savoir que toutes les offres
d’emploi Pôle Emploi sont prises en compte, qu’il
s’agisse d’offres d’emploi durables, temporaires
ou saisonnières . De plus des milliers
d’offres d’emplois ne correspondent à aucun poste
réel, c’est totalement illégal mais courant. Ces
offres fantômes servent en fait aux entreprises à se
faire de la publicité (voyez comme nous sommes
en bonne santé : nous recrutons), à se constituer
des bases de CV et à anticiper des appels d’offres
(qui ne sont pas acquis donc). Finalement on voit
que les difficultés de recrutement sont loin d’être
liées au fait que les gens ne veulent pas travailler.
MAIS ALORS C’EST QUOI CES OFFRES
NON POURVUES ?
Reprenons les chiffres officiels de Pôle Emploi , qu’est-ce
qui est à l’origine d’offres non pourvues ? Dans près
de 6 cas sur 10, il s’agit de renoncements patronaux parce
que le poste ne correspond plus à un besoin (29
%) ou pour des raisons budgétaires (29 %). Ces
deux motifs sont le signe d’une
dégradation du marché. L’absence de candidature
adéquate n’est à l’origine de l’abandon que dans
16 % des cas. Voila qui dit le contraire de ce que ressassent
les journalistes , les offres non pourvues le sont
essentiellement parce qu’il y a moins de postes
« réels » à pourvoir. CQFD.